Le millésime 2015 de l’assemblée générale de l’ALLDC s’est déroulée en terres malouines, fief des célèbres corsaires qui ont écumé les mers au 18ème siècle. Robert Surcouf, le plus célèbre d’entre eux, était renommé par son sens de l’improvisation et son tempérament téméraire. Force est de constater que l’esprit de ces aventuriers a influencé cette assemblée générale riche en commentaires et en réactions non moins audacieuses.
En effet, cette assemblée générale a donné lieu à un débat dont le thème portait sur « le consommateur connecté, avantages et inconvénients ».
Ces échanges se sont tenus pendant le dîner du 12 juin dans un cadre plus propice aux rêveries nautiques qu’aux discussions sérieuses sur des sujets de sociétés parfois inquiétants.
Pour ne pas perdre le fil et garder l’attention des convives, un petit document récapitulant quelques affirmations et faits marquants liés aux technologies de l’information et des communications a été distribué en début de repas, le tout animer par le « local de l’étape ». Ces propositions étaient les suivantes :
1) La quasi-totalité des éléments de votre vie privée est « numérisable » soit via votre connexion internet soit via vos objets connectés
2) Une fois capturées, vos données personnelles sont stockées, analysées, compilées, comparées, conservées
3) Sans aucune exception, toutes vos activités sur internet laissent des traces. Ces traces, même les plus insignifiantes, peuvent faire l’objet d’analyses comportementales
4) La quantité phénoménale des données et les puissances de calcul mises en œuvre ont un impact direct sur la qualité des produits et services proposés à la consommation
5) Il est possible de prendre le contrôle d’un véhicule fabriqué récemment et équipé de systèmes informatiques d’aide à la conduite
6) Il est possible de tracer les objets connectés et d’en extraire les données soit transmises soit stockées et bien entendu d’en prendre le contrôle
7) Grâce aux objets connectés, les compagnies d’assurance observeront en temps réel votre état de santé et votre comportement au volant pour adapter les primes d’assurance selon vos performances
8) Grâce à la domotique, les outils quotidiens installés chez vous seront autant de systèmes d’observation de votre vie privée. Ces données permettent d’augmenter l’efficacité de dispositifs d’influence d’opinion et de décision.
Effectivement de quoi faire réfléchir, voire frémir, face à ce changement de société qui n’est en rien une vision d’avenir mais bien une réalité présente.
La question des objets connectés a bien entendu provoqué un grand nombre de commentaires et suscité bon nombre d’échanges parfois passionnés. Tout en reconnaissant l’utilité et même le caractère indispensable de certains de ces dispositifs connectés par exemple dans le domaine de la santé et de l’assistance humanitaire, force est de reconnaitre que cette quantité vertigineuse de données personnelles, récupérées par des personnes plus ou moins bien intentionnées, peut donner lieu à des malversations en tous genres extrêmement dommageables pour les consommateurs et les citoyens d’une manière générale.
Evidemment, le but de cet exercice n’était pas de trouver la pierre philosophale en apportant des réponses à toutes ces questions, mais surtout d’éveiller l’attention et de susciter d’autres questions fondamentales sur le devenir de notre civilisation et la meilleure manière de manœuvrer dans cette tempête d’innovations technologiques.
- Jusqu’où faut-il aller dans la numérisation?
- Ceux qui stockent et traitent nos données personnelles sont-ils dignes de notre confiance ?
- Sommes-nous bien protégés par la loi ?
- Jusqu’à quel point sommes-nous manipulés?
- Comment savoir si nos données sont utilisées à mauvais escient ?
- Quels sont les moyens de se protéger ?
- Ne sommes-nous pas en train de perdre notre libre arbitre ?
- Ne sommes-nous pas en train de passer du citoyen au service de l’économie au citoyen au service des TIC ?
Au moment du dessert, il a bien fallu arrêter de se perdre en conjectures et penser au lendemain, jour de l’Assemblée générale de l’ALLDC.
Philippe Capitaine
Administrateur chargé de mission TIC