Le 11 octobre, le président Macron, à Rungis, fixait le cap de sa grande politique agricole et alimentaire. Depuis cette date, les acteurs du secteur ont été réunis pour une deuxième série de groupes de travail. Le 21 décembre dernier, l’ALLDC participait à Bercy à la réunion de clôture des États Généraux de l’Alimentation et à la présentation de la feuille de route.
Celle-ci s’articule autour de trois axes stratégiques :
• Assurer la souveraineté alimentaire de la France,
• Promouvoir des choix alimentaires favorables pour la santé et respectueux de l’environnement,
• Réduire les inégalités d’accès à une alimentation de qualité et durable.
Pour atteindre la souveraineté alimentaire, il convient de pérenniser la capacité de production agricole française. Dans cet objectif, les Etats Généraux ont travaillé sur la création de la valeur et le rééquilibrage et le partage de celle-ci. Les acteurs économiques sont maintenant chargés de mettre en place des plans de filières en associant à leurs travaux des représentants de la société civile, des consommateurs, des ONG environnementales.
Un projet de loi est en préparation qui traitera notamment de la contractualisation et de la détermination du prix à partir d’indicateurs de coûts de production et de marché. Une expérimentation sur deux ans sera mise en place au sujet du relèvement du seuil de revente à perte de 10% et d’un encadrement des promotions en valeur et en volume.
L’alimentation repose aussi sur la transformation. L’action des pouvoirs publics devra aussi porter sur l’industrie agroalimentaire son cadre réglementaire national et européen. La France sera particulièrement attentive à ce que la prochaine PAC valorise et rémunère les services environnementaux de l’agriculture et favorise les transitions climatiques, énergétiques et territoriales. Pour valoriser l’image de la France à l’international le projet d’une bannière «France» va être lancé.
L’Etat s’engage également à adopter une approche de l’alimentation conjuguant équilibre nutritionnel et plaisir, à assurer un haut niveau de sécurité sanitaire, à élaborer une stratégie européenne et nationale sur les risques émergents ou chroniques pour la santé et l’environnement, à soutenir les modes de production respectueux de l’environnement, à veiller au respect du bien-être animal.
Ainsi, les acteurs économiques devront s’engager sur la qualité nutritionnelle des produits ou sur les portions et formats destinés à éviter la surconsommation et le gaspillage.
Enfin, un vecteur essentiel de la prévention en santé est l’éducation et l’information. La charte du conseil supérieur de l’audiovisuel sera revue tant sur le contenu au regard des comportements alimentaires que sur son application à tous les supports, radio et internet.
La France s’alliera avec d’autres États européens dans le cadre d’une coordination accentuée pour lutter contre les fraudes alimentaires. La France veillera également à l’aboutissement d’une stratégie européenne ambitieuse sur les perturbateurs endocriniens.
Pour réduire les inégalités d’accès à une alimentation de qualité et durable, lutter contre l’obésité, plusieurs leviers existent : la restauration collective et un objectif d’approvisionnement à 50% en produits biologiques, locaux ou sous signe officiel de qualité d’ici à 2022; la lutte contre le gaspillage alimentaire avec l’instauration d’une obligation de don à des associations d’aide alimentaire; l’éducation, la prévention avec un parcours alimentaire pédagogique, pour permettre aux enfants et aux jeunes de connaître les aliments, leur fabrication, leurs impacts sur la santé et l’environnement, et l’importance du gaspillage, l’information du consommateur via un meilleur étiquetage des produits; le commerce équitable par l’adoption d’un nouveau plan d’action dans les prochains mois.
En matière de gouvernance, le Conseil National de l’Alimentation doit devenir un véritable « parlement » de l’alimentation, ce qui passe par un élargissement de sa composition et la fonction de tutelle pour le ministère de la transition écologique et solidaire.
De ces états généraux de l’alimentation nous retiendrons des débats passionnants, un état des lieux partagé, des engagements de part et d’autres et des pistes encourageantes pour qui comme l’ALLDC défend le consommateur et les valeurs d’un consumérisme social et environnemental. A ce stade, aucune annonce n’a été faite s’agissant de nouveaux moyens alloués à cette politique. Les pouvoirs publics ont prévu deux clauses de revoyure en juin et en décembre 2018 en séance plénière. Nous jugerons alors aux actes!