A l’inverse des couches pour nourrissons, on ne parle pas volontiers de l’utilisation des protections intimes pour les femmes et jeunes filles ou encore des couches utilisées pour les personnes incontinentes alors qu’il s’agit de produits de grande consommation. Selon l’organisme de l’industrie des produits à usage unique pour l’hygiène, 1,6 milliard de changes absorbants ont été vendus en 2017. Le marché de l’hygiène féminine serait lui stable aux alentours de 30 milliards de dollars selon courrier international.
Pourtant, ces produits ont une caractéristique en commun : être en contact direct avec la peau ou les muqueuses.
Face aux interrogations légitimes des consommateurs, il était nécessaire de vérifier que les produits mis sur le marché ne présentaient pas de risques avérés pour la santé.
C’est dans ce cadre que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) ainsi que la Direction Générale de la Concurrence, Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) ont rendu leurs rapports et émis des recommandations. On vous en livre les principales.
Les produits de protection intime
L’Anses a été saisie le 29 avril 2016 par la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour la réalisation d’une expertise sur la sécurité des produits de protection intime à savoir tampons et serviettes hygiéniques.
En France les exigences de sécurité entourant les produits de protection intime sont définies par la directive sur la sécurité générale des produits (CE) n°2001/95/CE.
Selon la saisine de l’ANSES, Le principal risque sanitaire associé à l’usage de tampons hygiéniques est la survenance du syndrome de choc toxique (SCT) menstruel dû à une infection bactérienne (Staphylococcus aureus). En effet, un cas avait été recensé aux Etats-Unis entraînant l’amputation de la jambe d’une consommatrice.
En France, cette affaire a déclenché le lancement d’une pétition visant à faire connaître la composition exacte des tampons de la marque Tampax. Puis l’Institut National de la Consommation (INC) a conduit une étude en 2016 qui a révélé l’existence des résidus de substances toxiques dans ces produits.
L’Anses a donc mené une évaluation quantitative de risques sanitaires par voie cutanée. Dans son rapport publié en janvier 2020, elle a conclu à l’absence de risque sanitaire dans les tampons, les serviettes hygiéniques et/ou les protège-slips et les coupes menstruelles.
Pour autant, l’Anses recommande d’éliminer ou, à défaut, de réduire autant que possible, la présence de ces substances dans les protections intimes, notamment les substances présentant des effets CMR (1) , perturbateurs endocriniens ou sensibilisants cutanés.
Les couches pour bébé
De 2019 à début 2020, la DGCCRF a mené une enquête sur les couches pour bébés à la suite de la publication de l’avis de l’Anses sur la sécurité de ces produits le 23 janvier 2019 et des engagements pris devant les ministres par les fabricants le 8 février 2019.
Suite aux contrôles réalisés, la DGCCRF confirme que les travaux engagés par les professionnels ont permis l’amélioration de la qualité des références prélevées et permettent de constater l’absence de dépassement de seuils sanitaires liés à l’exposition aux couches.
Aucun dépassement de seuils sanitaires liés à l’exposition aux couches pour bébés n’a été constaté. De même, aucun allergène ou résidu de pesticides n’a été retrouvé. Des diminutions des contaminations en dioxines et furanes, PCB-DL (composés chlorés) et HAP3 ont également été relevées, permettant de ne plus constater de dépassement de seuils pour ces substances.
La DGCCRF recommande néanmoins que les actions des professionnels doivent être étendues aux protections pour incontinence. De fait, l’Anses ne constate pas de dépassement de seuils sanitaires pour la population générale, mais elle en identifie en revanche pour des personnes présentant une peau lésée.
En termes d’information des consommateurs, la DGCCRF avait déjà constaté, lors du bilan intermédiaire réalisé le 5 septembre 2019, le respect de l’engagement des professionnels sur l’affichage de manière dématérialisée de la composition des couches pour bébé. De manière plus générale, la DGCCRF a contrôlé la conformité de l’information délivrée aux consommateurs sur l’étiquetage des produits pour un certain nombre de références.
La DGCCRF reste très vigilante quant à la sécurité de ces produits dans leur ensemble, ainsi qu’à l’information délivrée aux consommateurs, via le maintien d’une pression de contrôle dans ce secteur et des analyses régulières. S’appuyant sur les conclusions de l’Anses, la France continue en outre de porter au niveau de l’Union européenne une exigence d’évolution de la réglementation des couches pour bébés, en vue d’un encadrement strict de la présence de substances chimiques.
Sources : communiqué de presse du ministère de l’économie et des finances du 7 juillet 2020
Les couches pour personnes incontinentes
Le marché de l’incontinence ne cesse de se développer. En effet, progressivement les tabous entourant cette « gêne » se dissipent avec une plus grande sensibilisation au confort apporté, le nombre de personnes âgées (les plus concernées par l’incontinence) augmente dans les EHPAD ou avec le maintien à domicile.
L’ANSES vient de publier les résultats d’une évaluation des risques sanitaires liés à l’utilisation des protections pour incontinents.
Les analyses montrent que ces dispositifs comportent de nombreuses substances chimiques, certaines pouvant dépasser les seuils tolérés (dioxines, PCB, furanes..) avec le risque de provoquer des allergies, des intolérances ou des infections dans la mesure où ces produits sont en contact direct avec la peau et les muqueuses. Elles proviendraient de contaminations des matières premières et/ou des procédés de fabrication utilisés.
Si le risque est quasiment inexistant sur une peau saine, le port des couches à long terme est susceptible de provoquer des lésions, par conséquent de fragiliser. L’ANSES présente des recommandations entre autres, en direction :
• Des fabricants :
– Mieux maîtriser l’origine des matières premières, l’afficher sur les emballages.
– Mettre en œuvre des bonnes pratiques de fabrication pour éviter la présence de substances chimiques indésirables
-Supprimer l’utilisation de substances parfumantes irritantes
• Des pouvoirs publics :
– Mettre en place des campagnes régulières de mesure de l’ensemble des produits sur le marché
– Faciliter l’accès à la composition
• Les consommateurs :
– Améliorer la connaissance des risques et des bonnes pratiques d’hygiène (changes fréquents, nettoyage et séchage de la peau).
Ces études, ces mesures, ces contrôles sont indispensables à une haute protection des consommateurs. Il nous appartient en notre qualité d’association de consommateurs de les expliquer, de les rendre accessibles pour une meilleure information des consommateurs sur la qualité des produits qu’ils consomment, et ce quelque soit la nature de ces produits. De la consommation à la santé, il n’y a qu’un pas!
(1) Substances cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction
Pour en savoir plus
Rapport et avis sur les couches pour personnes incontinentes février 2020
Rapport de l’ANSES sur la sécurité des produits de protection intime