Compte tenu de l’incroyable impact médiatique de l’appellation «intelligence artificielle», certains industriels et distributeurs n’hésitent pas à annoncer que leurs produits sont dotés d’intelligence alors qu’ils ne sont en réalité que connectés ou, au mieux, capables d’automatismes basiques programmés, voire programmables. Les consommateurs ont besoin d’y voir plus clair sur ces avancées technologiques qui envahissent déjà notre quotidien et transformeront nos modes de vie à moyen terme.
Avant toute chose il faut distinguer l’intelligence artificielle (IA) du simple objet connecté. Récemment, un grand industriel asiatique a fait la promotion d’un nouveau type de chaussures de sport qu’il nomme «baskets intelligentes» sous prétexte qu’on y avait incorporé une puce électronique capable de se connecter à un smartphone pour transmettre certaines données soi-disant indispensables pour bien marcher et courir. Au risque de décevoir les joggeurs inconditionnels, ceci n’a absolument rien à voir avec l’intelligence artificielle.
Il ne faut pas non plus faire l’amalgame, comme cela arrive souvent, entre algorithme et intelligence artificielle. Là où il y a algorithme il n’y a pas nécessairement intelligence artificielle. Par contre là où il y a intelligence artificielle il y a algorithme.
Mais alors de quoi s’agit-il? L’intelligence artificielle est pour certains un le concept qui fait peur. Pour d’autres, elle représente la panacée qu’on attendait ou la pierre philosophale aux pouvoirs universels. Il y a donc les fatalistes qui y voient l’Imminent Armageddon et les passionnés qui espèrent d’Incroyables Avancées.
Du point de vue strictement sémantique, si on parle d’intelligence artificielle c’est par rapport à une autre intelligence que l’on pourrait qualifier de «naturelle». Il semblerait donc logique de commencer par définir ce qu’est une intelligence dite naturelle pour ensuite tenter de définir en quoi consiste l’intelligence artificielle.
Si l’on se réfère au dictionnaire de la langue française le débat sur la définition de l’intelligence est loin d’être clos. Ainsi, plutôt que de tenter une comparaison, il est préférable de qualifier l’I.A en décrivant ses fonctionnalités remarquables plutôt que d’essayer de produire une définition académique qui ne conviendra jamais à tous les cas de figure.
Selon l’ISO, l’intelligence artificielle serait la « capacité d’une unité fonctionnelle à exécuter des fonctions généralement associées à l’intelligence humaine, telles que le raisonnement et l’apprentissage ». Selon France IA : « l’IA consiste à parvenir à faire faire aux machines, ce que l’homme fait aujourd’hui mieux qu’elles, notamment s’adapter, apprendre, communiquer et interagir d’une manière riche et variée avec leur environnement ».
Une manière peut-être plus accessible, sans doute simpliste, de caractériser l’intelligence artificielle serait peut-être de déclarer qu’une machine dotée d’intelligence artificielle est capable de réagir logiquement à son environnement de manière autonome quel que soit cet environnement, connu ou inconnu, et (cerise sur le gâteau) d’en tirer les enseignements lui permettant de s’améliorer.
A la lumière de ce qui précède, les caractéristiques fonctionnelles fondamentales de l’IA seraient les suivantes :
- Interaction autonome avec l’environnement
- Capacité à produire des solutions originales
- Apprentissage voire Auto-apprentissage.
Tout comme pour l’intelligence naturelle (non artificielle) on peut donc imaginer que certaines machines seront plus intelligentes que d’autres. Par exemple dans le cas des véhicules autonomes, le niveau d’intelligence artificielle est extrêmement bas par rapport à ce qui est envisagé dans un futur proche. En effet de nombreux secteurs de notre société attendent impatiemment les bienfaits de l’intelligence artificielle comme la recherche, la santé, les transports, l’exploration spatiale, etc… d’autres encore…non pas comme remplaçant mais comme une aide complémentaire extrêmement efficace et rapide.
Dans le domaine de la santé, qui est sans doute le secteur qui investit actuellement le plus dans l’Intelligence Artificielle, les progrès vont très vite et les résultats sont prometteurs.
En effet, grâce à sa capacité d’analyser une masse importante de données historiques sur un grand nombre de pathologies et les comparer immédiatement avec l’historique médical du patient, l’IA permettra de proposer des diagnostics fiables et des traitements personnalisés avec un risque d’erreur extrêmement faible. On le sait bien, plus le diagnostic est précoce plus les chances de guérison sont élevées. Pour compléter ce qui précède et en faisant aussi appel à l’IA, on pourra vraisemblablement réduire de manière drastique le nombre de personnes qui ne se soumettent pas aux examens de dépistage. Sans aucun doute, la mise en œuvre de ces technologies fera reculer le cancer de manière spectaculaire.
Mais nous, simples citoyens consommateurs, qu’avons-nous à voir avec tout cela? De quelle manière ces choses vont-elles impacter notre quotidien? Faut-il imaginer que ces machines intelligentes sauront nous remplacer partiellement ou totalement, non seulement dans notre vie professionnelle mais aussi dans nos tâches ménagères? L’emploi est-il en danger? Que deviendra l’ambiance familiale quand toutes les tâches quotidiennes seront prises en charge par des machines?
Déjà, de nombreux spécialistes se réunissent pour évaluer ces impacts sociétaux comme par exemple la réévaluation des niveaux de responsabilité lorsqu’une machine intelligente est à l’origine d’un accident.
Certains responsables politiques attirent déjà l’attention des scientifiques sur la nécessité de doter toute machine intelligente d’un système de «débrayage»: le principe du bouton rouge d’urgence. L’humain doit à tout prix garder la main, il faut donc distinguer l’intelligence artificielle d’assistance et l’intelligence artificielle de substitution.
Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, il y aura des conséquences significatives sur l’emploi et les conditions de travail et d’une manière générale sur notre société. Nos modes de vie et de gouvernance devront sans doute être repensés dans l’intérêt bien compris des personnes. Ce sujet de l’Intelligence artificielle émerge dans de nombreuses instances d’étude, de concertation, dans la plupart des pays du monde. En France, le président de la république et le premier ministre ont confié au mathématicien et Député de l’Essonne, Cédric Villani la mission d’élaborer un rapport sur la stratégie nationale face à l’intelligence artificielle. Dans le cadre de son implication en normalisation, l’ALLDC a été amenée à contribuer à ces travaux. L’IA est l’affaire de tous, y compris celle des consommateurs, et par sa participation, l’association veillera à la prise en compte des craintes, des inquiétudes de consommateurs, et du respect de l’éthique. A l’issue de cette concertation, des mesures devraient être annoncées par le gouvernement dans les semaines à venir.