Le 60e salon international de l’agriculture a fermé ses portes à la porte de Versailles à Paris.
Chaque année c’est un évènement important, à la fois pour les acteurs du monde agricole mais aussi pour les consommateurs qui viennent à leur rencontre. Cette édition 2024 est évidemment marquée par l’expression des agriculteurs de leur profond malaise, et leur combat pour la prise en compte de leurs contraintes et leurs revendications pour une juste rémunération de leur travail. Le salon de l’agriculture est pour notre association un espace de dialogue entre les représentants de filières et des représentants des consommateurs, nous y étions pour faire avancer les intérêts des consommateurs, qui quelques fois rejoignent les intérêts des producteurs.
L’alimentation c’est un acte de consommation quotidien. Dès le plus jeune âge, le consommateur doit faire ses choix. Ceux-ci vont être fonction de son éducation, de son pouvoir d’achat, de sa situation géographique, de ses capacités à cuisiner, de ses goûts et du temps qu’il va y consacrer. L’évolution de la société, les tendances, le markéting vont aussi influer sur ces choix.
En période d’inflation, les consommateurs sont aussi contraints de faire des arbitrages, et parfois, c’est l’alimentation qui trinque. La crise agricole actuelle a mis en lumière les difficultés des producteurs, à qui on impose des prix trop bas, et à l’autre bout de la chaîne des consommateurs qui payent le prix fort. Alors que faire pour régler ce problème?
En tant qu’association nationale de défense des consommateurs, nous participons à des réflexions, des groupes de travail pour porter les attentes des consommateurs mais, malgré les recommandations et les avis de ces instances, la situation s’aggrave.
En effet, en 2017, se tenaient les Etats Généraux de l’Alimentation à Bercy. Cet évènement avait réuni plus de 500 personnes, parmi lesquelles, des élus, des agriculteurs, des industriels, des distributeurs, des représentants de la société civile, des associations de consommateurs, ou de protection de l’environnement.
Ils visaient alors 4 objectifs : relancer la création de la valeur et en assurer l’équitable répartition, permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail par le paiement de prix justes, accompagner la transformation des modes de production afin de répondre davantage aux attentes et aux besoins de consommateurs, et enfin promouvoir les choix de consommation en privilégiant une alimentation saine, sûre et durable.
Il nous semble que rien n’a vraiment évolué malgré les textes successifs qui ont été rendus d’application obligatoire. En tant qu’association de consommateurs agréée, nous ne pouvons que continuer à demander la prise en compte des attentes des consommateurs et de la société civile pour une juste rémunération du producteur, des prix accessibles pour les consommateurs, une information transparente sur les conditions de production et sur l’origine des produits.
Nous appelons de nos vœux un renforcement des contrôles de l’Etat sur le long terme, gage d’une haute sécurité sanitaire des aliments.
Pour limiter les coûts, il faut réduire les intermédiaires et s’interroger sur les marges des gérants de l’agroalimentaires et de la grande distribution. Il faut aussi agir contre le gaspillage alimentaire et mettre en place des procédures à chaque maillon de la chaine de valeur.
Il faut enfin, éduquer le consommateur et accompagner les plus fragiles financièrement vers une consommation plus saine. En agissant aujourd’hui, on réduit le coût social des maladies futures, causées par la malbouffe.
A notre niveau nous continuerons d’agir au niveau local en direction des consommateurs, au niveau national et européen en direction des politiques. Bien se nourrir est aujourd’hui compliqué, il faut des compétences, des moyens financiers. Il appartient aux pouvoirs publics d’agir pour que manger redevienne un plaisir accessible au plus grand nombre.