Gyroroue, gyropode, skates électriques et hoverboards ont le vent en poupe. La trottinette électrique fait elle aussi partie des modes de déplacement doux, économique et respectueux de l’environnement appréciés par les urbains.
Toutefois, l’actualité a montré à quel point ce mode de déplacement cohabitait difficilement avec les autres usagers de la voie publique en particulier les piétons.
Parmi les principaux reproches faits à la trottinette électrique, la vitesse arrive en première place. Ces engins dont la vitesse peut atteindre 25 km/h en moyenne n’est pas sans poser de soucis lorsqu’il faut partager le trottoir avec les piétons, les personnes en fauteuil, les personnes âgées fragiles, les poussettes…
Toutes les grandes villes (Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille….) ont vu des opérateurs se partager le marché de la trottinette dans leur ville: Lime, Bird, Bolt, Voi, Flash, Tier, Wind, Indigo Wheel, Pony…A Paris, on retrouve près de 12 acteurs pour 20 000 trottinettes!
Les trottinettes électriques sont disposées dans les centres-villes en libre-service et sans borne. Ce système, le «free floating», permet de récupérer une trottinette où l’on veut grâce à une application en temps réel.
Une fois le trajet fini, là encore, pas besoin de chercher à la ranger: la trottinette peut être laissée n’importe où, même au beau milieu du trottoir et tant pis pour les piétons!
Le succès de la trottinette s’explique aussi par une utilisation très simple: il suffit de créer un compte via une appli mobile ou de se rendre sur le site de l’opérateur pour réserver sa trottinette. Chez le leader Lime, il faut compter 1 euro pour débloquer la trottinette, puis 15 centimes d’euros par minute d’utilisation à Paris, qui monte à 22 centimes d’euros par minute à Lyon. Un prix qui défie toute concurrence et qui en fait l’un des moyens de transport le moins cher du marché!
Face au nombre croissant d’incivilités et d’accidents, les villes ont décidé de durcir le ton. Ainsi, la police municipale à Paris peut, depuis janvier 2019, verbaliser les usagers de trottinettes électriques qui circulent sur les trottoirs. Elle peut également verbaliser et mettre en fourrière les stationnements anarchiques.
En outre, depuis le 1er juillet, la mairie prévoit l’interdiction du stationnement sur les trottoirs, la limitation de la vitesse, la stabilisation du nombre de trottinettes (nombre qui devait initialement passer à 40 000 unités) et le renforcement des appels au civisme.
A Lyon, la vitesse est limitée à 8km/h en zone piétonne, tandis qu’à Bordeaux la ville a mis en place une charte d’engagement que doivent respecter les acteurs pour pouvoir s’implanter sur le territoire…
Chaque territoire tente ainsi de réglementer l’usage des trottinettes électriques qui en était totalement dépourvu.
Aussi, afin d’harmoniser les règles d’utilisation des véhicules légers électriques unipersonnels dits engins de déplacement personnel motorisés (EDPM ou EDP) à savoir trottinettes électriques, monoroues, gyropodes et hoverboards, un décret du Ministre des Transports a prévu plusieurs mesures chocs qui entreront en vigueur à la rentrée de septembre.
Parmi ces mesures: l’interdiction de circuler sur les trottoirs, de transporter un passager et d’utiliser casque ou écouteurs, le port du casque obligatoire pour les moins de 12 ans, la vitesse limitée à 25km/h, l’obligation pour ces engins d’être munis d’un feu arrière et avant et d’un avertisseur sonore…
Toutes ces dispositions seront par ailleurs intégrées au code de la route.
Pour ceux qui seraient tentés de déroger à ces règles, des sanctions sont prévues: 135 euros d’amende en cas de circulation sur le trottoir ou encore 1500 euros pour dépassement de la vitesse.
Evidemment, cette législation ne concerne que les engins électriques car les EDP non motorisés (trottinette, rollers, skate-board…) sont assimilés à des piétons et peuvent donc circuler tranquillement sur les trottoirs.
Rappelons également que l’utilisation d’une trottinette électrique n’est pas toujours sans risque, il est donc nécessaire de s’assurer a minima au titre de la responsabilité civile c’est-à-dire pour les dommages causés aux tiers ce qui est l’équivalent d’un tiers simple en assurance automobile. Mais, pour une garantie plus complète, il vaut mieux souscrire une garantie contre les dommages corporels du conducteur.
Lorsque vous êtes propriétaire de votre trottinette électrique, une assurance dommages accidentels, casse et vol est également recommandée.
Certains contrats d’assurance automobile peuvent prévoir en option de garantir votre trottinette électrique mais mieux vaut se reporter à son contrat d’assurance automobile pour éviter toute mauvaise surprise.
De plus, contrairement à une idée reçue, l’assurance habitation ne couvre pas les trottinettes et autres EDP (hormis la responsabilité civile et défense recours).
Si des assureurs “classiques” se sont lancés sur ce terrain, par exemple Allianz, on trouve aussi de nouveaux acteurs qui vous couvrent moyennant le paiement d’une cotisation parfois inférieure à 5 euros par mois. Mais à ce prix la vérification des garanties s’impose! Par ailleurs d’autres conditions peuvent être exigées par l’assureur pour une prise en charge : une trottinette électrique homologuée, le port du casque, avoir un âge précis voire la majorité le jour du sinistre.
Ludique et utile pour les trajets de moins de 5 km, les trottinettes électriques sont une bonne alternative à la voiture ou au transport en commun. Mais il faut que chaque usager (vélo, piéton, voiture) y trouve son compte! Reste à espérer que la législation prévue pour la rentrée saura répondre à toutes ces attentes… contradictoires.