Les membres de l’ALLDC étaient rassemblés les 19 et 20 juin derniers à Rivesaltes en Occitanie pour l’Assemblée Générale annuelle de l’association. En marge de cette réunion statutaire, à l’occasion des 40 ans de l’association, une table ronde était organisée sur le thème de la protection et la défense des consommateurs hier et aujourd’hui, tout en recherchant comment poursuivre nos actions demain. Trois intervenants étaient présents et nous ont invités à la réflexion et à l’innovation!
Jacques Guénée, Secrétaire Général de la Fédération Léo Lagrange de 1979 à 1985 est revenu sur les origines de la création de notre association.
Il a rappelé qu’au début de la Vème république et suite aux événements de mai 68, les citoyens ont été contraints de s’organiser pour agir à côté des syndicats et des partis politiques. A cette époque, la Fédération Léo Lagrange organisait ainsi des stages intitulés «jeunes aujourd’hui, leader de demain», et publiait un journal associatif «jeunesse en 2000», car elle avait à cœur de former des citoyens capables de prendre leur vie en main.
A la fin des années 70, la société a été bousculée par la crise économique, suite aux chocs pétroliers. Lutter contre la marginalisation des citoyens devient la préoccupation majeure de la Fédération Léo Lagrange.
Elle déploie ses interventions pour toucher massivement la population et démontre que le mouvement associatif a un rôle à jouer tant au niveau national que local, pour faire bouger les lignes, dans une société en pleine transformation.
Elle décide alors d’agir dans 3 secteurs clés de la vie citoyenne où elle est encore peu présente : le sport, la consommation et l’environnement.
L’Association Léo Lagrange pour la défense des consommateurs est ainsi créée en 1979, avec pour objectif, d’éduquer les consommateurs à une consommation responsable. Depuis lors, l’ALLDC œuvre au quotidien pour faire évoluer les comportements de consommation, pour former des citoyens plus critiques, plus responsables, sachant choisir et se défendre.
Jean-Marie Bonnemayre, Président du CNAFAL et plus récemment de l’Union Laïque et Citoyenne des Consommateurs, une coordination qui regroupe trois associations de consommateurs agréées, l’ALLDC, le CNAFAL et l’ADEIC, est intervenu pour sa part sur le rôle des associations de défense des consommateurs aujourd’hui.
Il a évoqué le contexte dans lequel nous évoluons depuis bientôt 10 ans de réduction constante des subventions de l’Etat sans que les pouvoirs publics ne donnent réellement les moyens aux associations agréées de compenser cette baisse. Il est donc de plus en plus délicat pour nos associations de répondre aux attentes des consommateurs, qui, elles, ne diminuent pas. Depuis 2009, l’ALLDC a en effet subi une baisse de plus de 60% de sa subvention DGCCRF. Et la baisse se poursuivra dans les années à venir, l’Etat conseillant vivement aux associations de se regrouper. C’est dans ce contexte qu’a été créée l’union laïque et citoyenne des consommateurs, une coordination pour mutualiser certaines actions dans l’intérêt des consommateurs.
Enfin, Philippe Capitaine administrateur de l’ALLDC et spécialiste des questions numériques a partagé ses réflexions sur l’avenir de nos organisations, estimant qu’aujourd’hui le consommateur est paradoxal.
Il se dit plutôt «écolo», mais achète du «made in China» car c’est moins cher. Il prône le local mais le e-commerce n’a jamais eu autant le vent en poupe. Les modes de vie évoluent également comme le bio ou le manger local dans l’alimentation, l’éthique dans l’habillement, les éco-villages dans l’habitat, l’auto-consommation dans l’énergie, les produits de seconde main ou reconditionnés et ce, face à un consommateur hyper connecté; la robotique et l’intelligence artificielle seront bientôt incontournables.
Si l’on se projette dans 5 ans, seulement 2% des consommateurs pourront être définis comme des «spécialistes», des «geeks», 20% des consommateurs seront en difficulté et éloignés de ses nouveaux courants, tandis que la grande majorité se positionnera entre ces deux profils de consommateurs.
Désormais des priorités émergent comme l’urgence environnementale, la lutte contre le changement climatique. L’ALLDC participe et doit poursuivre son action pour toucher encore plus de personnes sur le volet environnemental.
Pour conclure, comme le précise si bien Philippe Capitaine dans son intervention «dans cet océan d’incertitudes, développons notre agilité et notre vigilance», car les consommateurs auront besoin d’être «influencés»/«accompagnés» dans les transitions technologiques, environnementales et sociologiques en cours».
Que les consommateurs se rassurent l’ALLDC mettra tout en œuvre pour rester actrice dans le domaine de la consommation et poursuivra son action au niveau national, local et leur facilitera la vie dans ce monde en mutation.