Les villes intelligentes représentent un énorme potentiel de développement industriel et commercial dans lequel les entreprises françaises comptent bien jouer un rôle de premier plan. La normalisation est une voie prépondérante d’influence aux niveaux européen et international, raison pour laquelle un groupe de travail vient d’être lancé à l’AFNOR. L’ALLDC a décidé d’y participer car les consommateurs ne doivent pas être oubliés !
Ce que l’on nomme plus souvent sous le terme « smart cities » ou encore « villes et communautés durables et intelligentes » regroupe les démarches dont le but est d’optimiser le fonctionnement des villes et des communautés et réduire le plus possible l’impact écologique, en particulier l’empreinte carbone.
Parmi les outils envisagés, on trouve massivement les nouvelles technologies. Malheureusement, l’appellation choisie permet une autre interprétation qui pourrait laisser croire que l’objectif est d’installer dans nos villes le plus possible de technologies numériques connectées. C’est, le plus souvent, ce que les industriels du secteur des TIC aimeraient laisser croire. Selon nous, c’est le terme durable qui est le plus important, étant entendu que le numérique n’est qu’un outil parmi d’autres.
Par ailleurs, contrairement aux idées reçues, les agglomérations et les grandes villes ne sont pas les seules concernées. Le sont aussi, les communautés de communes au sein desquelles les communes ont de nombreux intérêts convergents notamment dans les domaines du transport, des communications et du traitement des déchets.
Quant au citoyen « consommateur », il est évident que dans le contexte des villes intelligentes, toutes les personnes vivant et travaillant dans ces lieux sont concernées, quelque soient leur statut et leurs activités professionnelles ou privées. Il faudrait même considérer que tout individu de passage dans une ville soit inclus. De nombreuses expériences sont menées en France, en Europe et dans le monde pour mieux appréhender ce que devra être une ville durable et « si nécessaire» intelligente. Mais il faut effectivement reconnaitre que les technologies numériques sont capables d’améliorer significativement les performances des transports, des communications, de l’habitat, de la santé, des loisirs, etc… et ceci bien entendu en faveur de l’intérêt général tout en protégeant les libertés fondamentales, la vie privée et le libre arbitre de chacun.
On le sait bien, le développement fulgurant des technologies numériques auquel nous assistons à des effets pervers qu’il serait dangereux d’ignorer. La majeure partie des applications prévues dans le cadre des villes durables et intelligentes reposent sur la mise en œuvre d’objets connectés d’une très grande diversité et qui envahissent littéralement notre environnement.
Malheureusement, un point commun entre ces objets d’un nouveau genre est qu’ils constituent une faille de sécurité béante tant pour les professionnels de la donnée, que pour chacun d’entre nous à titre personnel.
Néanmoins, les projets de villes durables et intelligentes se multiplient le plus souvent sur la base de partenariats entre grandes agglomérations de pays différents. Au niveau européen, des sources de financement substantielles sont à la clé avec le risque naturel de perdre de vue l’objectif prioritaire qui est l’amélioration des conditions de vie et non pas l’obtention d’une subvention de la Communauté Européenne.
La ville durable et intelligente repose sur une approche mondialisée où toutes les grandes puissances économiques redoublent de créativité pour proposer les meilleures solutions sur la manière dont nous allons vivre dans la deuxième moitié du 21ème siècle. Au-delà d’un projet managérial et technologique, il s’agit en fait d’un projet sociétal mondial.
Immédiatement deux petites sonnettes d’alarme retentissent :
- Quels seront projets pour les pays qui ne sont pas des grandes puissances économiques et pour leur population qui se verront tôt ou tard imposer des modes de vies qui ne correspondent pas nécessairement à leurs attentes ?
- N’y-a-t-il pas un risque d’unification des modes de vie au détriment de la diversité qui est la plus grande richesse de l’humanité ?
A la lumière de ces deux questions de fond, il parait opportun de faire référence à cet accord très récemment conclu entre 197 pays qui constitue le nouvel Agenda urbain de l’ONU et qui établit des normes mondiales, non contraignantes, pour les politiques de logement et de développement urbain durables à l’horizon 2030. Espérons que les normalisateurs penseront à se référer à cet accord pour ne pas perdre de vue que le but ultime concerne toutes les personnes vivant sur cette planète.
En conclusion, sans s’opposer aux technologies qui peuvent nous rendre la vie plus confortable et pour autant que celles-ci n’ajoutent pas à la destruction de notre environnement, il est extrêmement important que tous les acteurs, industriels, pouvoirs publics et les consommateurs fassent preuve d’une grande vigilance pour préserver nos libertés, nos vies privées et notre si précieuse diversité.