Que se cache-t-il derrière un sweatshirt «RESPECT»? Marque phare du groupe espagnol Inditex, leader mondial de la fast fashion, Zara a vu son chiffre d’affaires multiplié par 5 en moins de 20 ans, pour atteindre 26 milliards d’euros. Elle doit son succès à un modèle unique, décrypté dans l’étude commanditée par le collectif Ethique sur Etiquette dont l’ALLDC est membre, Public Eye et Schone Kleren campagne.
- La marque Zara a poussé à l’extrême l’incitation à l’achat permanent en étant capable, en quelques semaines seulement, de concevoir, fabriquer et offrir à la vente un produit ;
- son modèle est de loin le plus prospère : il permet à son fondateur, Armancio Ortega, de trôner au rang de 6ème homme le plus riche de la planète, détenant une fortune de près de 63 milliards d’euros ;
- elle est relativement discrète : son succès est tel qu’elle peut quasiment se passer de publicité directe, qui l’affranchit, pense-t-elle, d’un discours sur sa responsabilité à prévenir les impacts sociaux et environnementaux de son modèle.
Ce dernier est pourtant loin d’être plus vertueux : contrairement à sa communication, Zara, comme les autres enseignes du secteur, puise largement l’efficacité de son modèle dans la main d’œuvre sous-payée qui fabrique ses produits en Turquie, en Inde ou au Bangladesh, en dépit des profits colossaux que génèrent l’enseigne et sa maison-mère.
Face à l’opacité entretenue par la marque, le Collectif Ethique sur l’étiquette et ses alliés, Public Eye en Suisse et Schöne Kleren Campagne aux Pays-Bas, membres du réseau Clean Clothes Campaign, ont entrepris d’analyser la répartition réelle de la valeur d’un produit phare, un sweatshirt noir, floqué du mot «R-E-S-P-E-C-T». L’étude, confiée au BASIC montre comment Zara, avec un modèle fortement intégré et ultra réactif qui lui permet de s’ajuster au succès de ses produits et de les renouveler en un temps record, capte 90% des bénéfices générés par les différents acteurs de la chaîne. A l’autre bout de les salariés turcs de la confection ont gagné en moyenne 430 euros par mois. Il leur en faudrait près de 3 fois plus pour atteindre un salaire vital.
Or, garantir un salaire vital aux travailleur.se.s est bien une question de modèle économique, donc de choix. Zara aurait tous les moyens de mettre au cœur de son modèle le droit fondamental des travailleur.se.s à toucher une rémunération décente. Selon nos estimations, pour chaque sweat vendu à un prix moyen de 26,70€ :
- Zara capte un bénéfice de 4,20 € ; il ne reste que 2,08 € pour rémunérer les travailleur.se.s tout au long de la chaîne d’approvisionnement ;
- Or, il faudrait au total 5,69 € pour assurer un niveau de vie décent à tous les travailleur.se.s de la chaîne, soit un différentiel de 3,62€ par sweatshirt.
C’est un montant que Zara a largement les moyens d’absorber, en acceptant une redistribution de la valeur, qui doit la conduire au final à transformer son modèle économique.
Ce cas d’étude ne reflète pas l’ensemble du « modèle Zara ». Mais il est une illustration éloquente de la capacité de l’enseigne à capter l’essentiel des bénéfices le long de la chaîne au détriment de ses fournisseurs. Il est significatif de ce que le respect des droits fondamentaux occupe comme place dans le modèle de l’enseigne : une place quasiment réduite à zéro.
Il est temps de faire évoluer ce modèle économique fondé sur la recherche de moindres coûts de production, par le biais de règles contraignantes imposées aux multinationales.
Il est temps pour le multinationales de l’habillement d’adopter des pratiques qui ne conduisent pas à des violations massive des droits humains et de l’environnement.
Sources: www.ethique-sur-etiquette.org
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