Les automobilistes sont exaspérés par la hausse du prix des carburants. Le litre de gasoil est désormais de 1.493€ euros, le sans plomb 98 est à 1.550€ et 95 à 1.486€. En un an, le sans plomb a pris plus de 6 cts et le gasoil près de 20 cts. Le plein à la pompe a de quoi faire mal au portefeuille des automobilistes.
Cette hausse s’explique, non pas seulement par l’augmentation du prix du baril de pétrole, mais surtout par celle, voulue par le gouvernement, des taxes (notamment la Taxe Intérieur de Consommation sur les Produits Energétiques) sur le carburant. En effet, ces taxes représentent environ 60% du prix du carburant.
Personne ne peut ignorer que le fuel est une énergie fossile et que le poste de dépenses transports constitue à lui seul plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre des foyers (54%), loin devant le logement (30%) et l’alimentation (16%).(3).
Cependant, cette hausse est mal vécue par les automobilistes qui considèrent que cette mesure attente à leur pouvoir d’achat. Or, 93% de la population française est consciente du changement climatique et 76% considèrent que c’est un problème très préoccupant. Ainsi, en 2015, 1 français sur 4 citait la pollution de l’air comme sa principale préoccupation. Toutefois, changer ses pratiques n’est pas chose aisée et ne peut se faire du jour au lendemain. De plus, en dehors de la région parisienne et des grandes agglomérations, l’offre en matière de transports collectifs n’est pas toujours suffisamment développée, parfois en milieu rural elle est même complètement inexistante. Ces personnes n’ont alors pas d’autre choix que de prendre leur voiture pour se rendre au travail ou faire des courses.
Ces dernières années, le gouvernement a pris des mesures pour inciter les consommateurs à changer leur ancien véhicule (diesel ou essence) en un véhicule plus propre.
Après l’instauration d’une prime à la casse en 2015 (prime versée aux propriétaires lors de l’achat d’un véhicule à condition de procéder à la destruction de leur diesel), destinée aux conducteurs de vieux diesel, cette mesure a été étendue aux propriétaires de véhicules essence, via une prime à la conversion.
Cette prime, souvent abondée par les constructeurs, permet dans certains cas, de bénéficier d’une remise pouvant aller jusqu’à 5000 euros lors de l’achat d’un véhicule neuf et jusqu’à 2000 euros pour les véhicules d’occasion par exemple. Lorsque l’on sait que le prix moyen d’un véhicule était estimé à 25828 euros en 2016 (2), ce coup de pouce n’est pas négligeable, mais hélas, pas suffisant.
En dehors du coût de l’entretien du véhicule qui ne cesse d’augmenter, le sentiment d’être lésé est largement ressenti par les automobilistes notamment au vu des dernières réformes :
• Renforcement du contrôle technique depuis le mois de mai 2018 qui a automatiquement généré une augmentation de son coût ;
• Durcissement des sanctions en cas de refus de priorité à un piéton constaté par vidéo, désormais passible de 135 euros d’amende et d’un retrait de 6 points ;
• Passage de 90 km heure à 80 km heures hors agglomérations depuis le 1/07/2018
Seule réforme indolore pour les consommateurs, l’ajout à côté des mentions super, diesel, sans plomb de nouveaux symboles (E avec un rond pour essence, B entouré d’un carré pour diesel, les gaz avec un losange).
Toutes ces mesures sont aujourd’hui vécues comme un acharnement sur les automobilistes. Une pétition «citoyenne» en ligne a été mise en place pour protester contre la hausse du carburant. Les automobilistes ont décidé de se regrouper sous la bannière des gilets jaunes et de bloquer les grands axes routiers afin de traduire leur mécontentement le 17 novembre prochain.
Face à cette fronde citoyenne inédite, le gouvernement est inquiet et vient d’annoncer de nouvelles mesures : une super prime de 4000 euros pour les ménages les plus modestes, des avantages fiscaux (indemnité kilométrique et défiscalisation des aides régionales au transport), une aide au covoiturage, une augmentation du chèque énergie (aide destinée à régler les factures de gaz, d’électricité et de fioul), une prime à la conversion des chaudières. Ces nouvelles mesures devraient entrer en vigueur en 2019.
Mais cette annonce sera t-elle suffisante pour mettre un terme à cette crise? On peut en douter, d’autant que 86% des Français interrogés récemment par Odoxa estiment ainsi que leur pouvoir d’achat s’est dégradé en 2018, et que cette tendance se prolongera en 2019 (4).
Cette forme de mobilisation citoyenne sans « intermédiaire » rendue possible par le numérique et les réseaux sociaux pourrait être un moyen pour les consommateurs de faire pression différemment, plus directement sur les décideurs publics, et de ainsi de mieux faire entendre leurs besoins, leurs désaccords, leurs attentes…
(1) source : sondage Ipsos commandé par la Recherche, Le Monde et le Ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche
(2) source : Le parisien du 27 avril 2017
(3) Selon l’Observatoire du bilan carbone des ménages, réalisé par le cabinet de conseil Green Inside à partir d’un sondage effectué par Ipsos et Logica Business Consulting auprès de 2 000 personnes.
(4) Sondage Odoxa : http://www.odoxa.fr/sondage/edouard-philippe-va-pain-planche-convaincre-francais-pouvoir-dachat/