Pendant longtemps, les campagnes publicitaires nous ont incité à manger au moins 5 fruits et légumes par jour. Dans la réalité, seuls 25% des adultes et 6% des enfants y parviennent. Or les fruits et légumes sont des aliments «météo sensibles» qui dépendent de la pluviométrie, l’ensoleillement etc…, et subissent donc de plein fouet les variations du climat.
Le conseil consommateurs de l’agence pour la recherche et l’information des fruits et légumes (Aprifel) a donc convié les associations nationales agréées de consommateurs, dont l’ALLDC, à une matinée d’échange sur «les effets du changement climatique sur la filière fruits et légumes». A cette occasion, professionnels de la filière des fruits et légumes, associations de consommateurs, scientifiques, ont pu débattre et échanger sur les changements auxquels il fallait s’attendre dans le futur, les moyens de s’y préparer, les expérimentations existantes.
Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) a d’abord introduit le sujet en expliquant l’impact du changement climatique sur l’agriculture. En effet, n’en déplaise à certains climatosceptiques, les conséquences du changement climatique sont scientifiquement prouvées : entre 1901 et 2010, le niveau de la mer a augmenté de 19 cm et les eaux se sont réchauffées d’environ 1°C. Dans le même temps, entre 1880 et 2012, les températures ont connu une hausse de + 0.87°C.
Or, l’agriculture est non seulement un acteur de ce dérèglement car le secteur produit près de 20% du total des émissions du gaz à effet de serre au niveau national mais il est également une des principales victimes de ce changement climatique car il est régulièrement touché par les événements climatiques extrêmes telles que sécheresse, inondations, maladie…
La filière des fruits et légumes, et d’une manière générale les agriculteurs, est non seulement consciente du phénomène mais cherche également des solutions pour atténuer ce changement, s’y adapter, en faisant par exemple appel à des ingénieurs agronomes de l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) et en procédant à des expérimentations : le zéro labour, la gestion de l’eau, la culture associée (cultiver dans le même champ des cultures différentes en les alternant), la gestion des pâturages et des prairies, …
Certaines initiatives parmi lesquelles le «4 pour 1000» issues de la COP 21 a également pour ambition d’inciter les acteurs à s’engager dans une transition vers une agriculture productive, fondée sur la gestion des terres et des sols en misant sur des techniques telles que l’agroforesterie, l’agro-écologie qui sont adaptées aux conditions locales, environnementales, sociales et économiques ; mais elle milite aussi pour le stockage de carbone dans les sols.
Pour sa part, l’Ademe a présenté son étude (l’adaptation des filières agroalimentaires au changement climatique) en s’appuyant sur un cas concret : la pomme des Pays de la Loire. Il s’agissait d’une part d’identifier les impacts du changement climatique sur ce fruit mais également d’élaborer des stratégies d’adaptation en mobilisant tous les acteurs de la filière (chambre d’agriculture, INRA, vergers concernés…).
En réalité, il n’existe pas de solution uniforme, mais bien une multitude de solutions, y compris, soulignent les agriculteurs, un changement en matière de politiques publiques. Par exemple, les agriculteurs dénoncent certains arrêtés pris par des municipalités en zone rurale sur des zones de non traitement de pesticides. D’autant que certaines solutions peuvent à leur tour engendrer de nouvelles contraintes (la production de fruits et légumes sans intrants chimiques conduit à une baisse de rendement donc une perte financière pour le producteur).
Mais toutes ces solutions, aussi innovantes soient-elles, ont un impact limité si le consommateur, ne prend pas lui aussi sa part de responsabilité.
Certes, le prix reste encore un élément déterminant pour beaucoup de consommateurs mais la qualité des produits et la juste rémunération des producteurs sont de plus en plus plébiscitées par ces derniers. Et tout comme les professionnels, le consommateur détient lui aussi une partie de la solution en luttant contre le gaspillage alimentaire, en achetant des fruits et légumes de saison, en modifiant son régime alimentaire (en axant davantage son alimentation sur les céréales et les noix et en réduisant la viande), etc …
Face au changement climatique qui s’annonce tous les acteurs doivent donc œuvrer ensemble. Rappelons que l’agriculture devra nourrir plus de 9 milliards d’individus dans le monde en 2050. Comment faire face à ce défi si nous ne mutualisons pas nos forces?