Dans le contexte d’incertitude actuelle, les consommateurs français ont tendance à épargner davantage. Ils souhaitent investir, placer leur argent sur des produits plus rémunérateurs que les livrets dont les taux d’intérêts ne cessent de baisser et ainsi préparer l’avenir. En tant qu’association de consommateurs nous sommes régulièrement sollicités par des épargnants qui, après avoir souscrit à un contrat de placement, d’assurance-vie regrettent et souhaitent savoir comment s’en sortir. Pour certains d’entre eux la désillusion est plus forte encore lorsqu’ils tombent sur une escroquerie.
C’est pour éviter ces déconvenues que nous communiquons régulièrement sur les pratiques commerciales trompeuses, les tromperies, les escroqueries, les différentes sortes d’usurpation d’identité. Notre objectif est d’informer, de sensibiliser les consommateurs sur ces promesses parfois trop belles pour être réelles.
D’autres acteurs, le ministère de la justice, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) , l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) agissent dans ces mêmes domaines, en poursuivant les mêmes objectifs de protection des consommateurs mais avec des prérogatives différentes. Ces actions nous semblent primordiales pour lutter efficacement contre ces fléaux qui se propagent à vitesse grand V sur les réseaux sociaux. Nous souhaitons ici les mettre en lumière.
Ces escroqueries prennent des formes multiples comme de fausses offres de rachat de crédit à la consommation, des propositions fictives d’investissement dans des places de parking ou des chambres d’Ehpad.
Le parquet de Paris estime le préjudice subi par les victimes d’escroqueries financières en France à environ 500 millions d’euros par an et d’après les signalements reçus par l’ACPR en 2021, les escroqueries aux livrets et aux crédits se sont intensifiées ces deux dernières années causant des pertes de 72 000€ en moyenne par victime concernant les livrets d’épargne et 12 000€ concernant les crédits. Selon l’AMF, le préjudice moyen subi par les victimes des escroqueries au trading sur le Forex, le marché non régulé des devises, serait en moyenne de 38 000€ par épargnant, et sur les crypto-actifs, il est en moyenne de 20 000€.
Les autorités connaissent dorénavant bien le mode opératoire utilisé. Les escrocs attirent les victimes avec des bannières publicitaires sur internet, sur les réseaux sociaux, via des applications mobiles de messagerie, sur des sites d’information ou encore par email. Ils collectent les données personnelles des internautes ayant cliqué sur la bannière par la voie d’un formulaire de contact en ligne.
De faux conseillers se présentent alors aux consommateurs comme professionnels, disponibles et empathiques, les contactent ensuite par téléphone et les mettent en confiance, par un discours manipulatoire et des relances insistantes. Après un premier investissement modeste présenté comme gagnant et parfois un premier retrait, les épargnants, désormais en confiance, sont incités à placer beaucoup plus. Lorsqu’ils souhaitent récupérer leur argent, ils n’ont brutalement plus de réponse à leurs mails ou leurs appels, ni ne peuvent accéder à leur compte ou à leurs fonds.
Ce procédé se double depuis deux ans dans presque un cas sur deux d’une ou plusieurs usurpations d’identité destinées à rendre les offres frauduleuses crédibles et à amoindrir la vigilance des futures victimes (utilisation frauduleuse du nom de produits ou de professionnels du secteur financier autorisés, de grands groupes). Les réseaux sociaux et les influenceurs sont le nouveau point d’entrée apparu ces dernières années. Par ce biais, c’est un public plus jeune, de milieu plus modeste qui est désormais touché, en particulier dans le domaine du trading (Forex et crypto-monnaies).
La DGCCRF a fait de la lutte contre les pratiques déloyales du marketing d’influence un de ses axes de contrôle prioritaires pour 2022. L’AMF a exprimé sa préoccupation et sa vigilance à l’égard des recommandations d’investissement sur les réseaux sociaux qui ne respecteraient pas les principes de transparence, d’objectivité, imposés par le règlement européen Abus de marché.
Parmi les arnaques diffusées sur les réseaux sociaux, ciblant notamment des populations fragiles, l’ACPR attire l’attention du public sur un phénomène en plein essor : le développement d’offres frauduleuses de prêts entre particuliers créant la confusion avec l’activité régulée de financement participatif (« crowdfunding » ou « crowdlending »).
La prévention reste l’arme la plus efficace contre les arnaques. L’AMF insiste sur l’importance de consulter ses listes blanches de prestataires et d’offres qu’elle a enregistrés ou visés : prestataires de services sur actifs numériques, offres en biens divers, offres de jetons.
Dans sa lutte contre les offres frauduleuses en ligne et les sites vendant des produits non conformes ou dangereux, la DGCCRF dispose de son côté, grâce à la loi du 3 décembre 2020 d’adaptation au droit européen, d’un nouveau pouvoir d’injonction numérique. Dès lors que l’auteur de la pratique ne peut être identifié ou qu’il ne s’est pas conformé à la mesure d’injonction qui lui a été notifiée, la DGCCRF peut ainsi ordonner l’affichage d’un message d’avertissement aux consommateurs sur un contenu illicite en ligne, exiger une mesure de déréférencement du contenu auprès des moteurs de recherche et comparateurs, voire ordonner une mesure de blocage, de transfert ou de suppression d’un nom de domaine.
En parallèle, l’AMF utilise sa compétence lui permettant de saisir la justice pour demander le blocage d’accès à des sites frauduleux. Depuis 2014, les procédures engagées par l’AMF ont permis d’obtenir le blocage de 313 adresses internet.
Vous voilà maintenant pleinement informés! En cas de doute abstenez-vous de souscrire et prenez conseils auprès d’organismes officiels avant de vous lancer.
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