Depuis quelques mois on ne parle presque que de cela, devant le dérèglement climatique, la guerre en Ukraine et les problèmes géopolitiques induits par les nombreuses élections de par le monde. Le pouvoir d’achat réel, que l’on appelle aussi « reste pour vivre » est ce qui nous reste de ressources après déduction de toutes les dépenses obligatoires ou incompressibles (impôts, cotisations sociales, loyer, dépenses d’eau et d’énergie, reste à charge pour la santé, mutuelle, remboursements d’emprunts, frais de transport, de scolarité, internet et mobile etc…).
Pourquoi ce pouvoir d’achat inquiète tant les français ? A cause de l’inflation qui mesure l’augmentation des prix. Depuis vingt ans elle était contenue en dessous de 2%, c’est-à-dire relativement indolore. Depuis un an ce taux augmente fortement. Il est de 7% aujourd’hui en France mais de 10% à presque 20% chez nos voisins européens. Les taux d’intérêt suivent, tout comme les impôts locaux (foncier, impôts commerciaux). Bref l’emballement menace, chaque professionnel répercutant la hausse de ses prix de revient sur ses prix de vente.
Pourquoi cette inflation ?
Les causes de l’inflation sont nombreuses et se cumulent :
– Le climat dont les bouleversements (sécheresse, inondation, canicule…) font baisser les rendements, voire anéantissent les récoltes. Les agriculteurs, pour maintenir leurs revenus, augmentent leurs prix de vente. Les baisses de productions à l’étranger (Chine, Pakistan, Inde, Canada ..) impliquent une diminution des stocks, et donc l’augmentation des prix.
– Les problèmes de main-d’œuvre qui affectent l’agriculture, les transports, la santé, l’éducation…
– La guerre en Ukraine cause de très grosses baisses de production sur les céréales et les engrais, et donc une augmentation des prix de ces matières premières alimentaires et affecte l’approvisionnement en gaz et en pétrole, ce qui entraine immanquablement une augmentation des prix du gaz, des carburants et de l’électricité.
Si ces augmentations de prix ont des causes réelles qui viennent d’être évoquées, la spéculation sur ces matières premières (valeurs boursières, ententes pour raréfier l’offre de gaz et de pétrole) amplifie, parfois outrageusement, l’augmentation des prix. La fiscalité indirecte (TVA) n’est pas en reste puisque son montant suit à la hausse l’inflation.
Que faire ?
Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour maîtriser l’inflation : le bouclier tarifaire sur l’énergie pour les particuliers et les très petites entreprises, l’augmentation à peu près générale de 4% des minimas sociaux, mais n’a pas, ou très peu, proposé de décaler les remboursements d’emprunts qu’elle a garanti pendant la pandémie de Covid.
Dans ce contexte, l’association Léo Lagrange pour la Défense des Consommateurs souhaite que de nouvelles mesures soient prises par les pouvoirs publics, à savoir :
– D’abord, la transparence sur la composition des prix, particulièrement pour le gaz, l’électricité et les produits alimentaires. En effet, il ne faudrait pas que le contexte économique actuel soit source d’aubaine pour certaines entreprises, qui profiteraient de la situation pour augmenter « anormalement » leurs prix.
– La mise en place d’un tarif unique de l’eau sur l’ensemble du territoire métropolitain, nonobstant les différences locales d’exploitation (régie municipale ou société privées) ou d’état des réseaux et assainissements.
–L’instauration d’un bouclier tarifaire sur les produits alimentaires de base car chaque citoyen doit pouvoir avoir accès à une nourriture saine et équilibrée. En effet, selon l’INSEE, le coût de l’alimentation à augmenter de +11,8% en moyenne et +16,9% pour les produits frais.
–La baisse à 5,5% de la TVA sur les prix de l’énergie, toutes sources confondues et la suppression de la TVA appliquée sur d’autres taxes.
– La suppression de l’indexation (absurde) du prix de l’électricité sur celui du gaz. En effet, « en cas de faible demande, les installations nucléaires ou renouvelables suffisent, mais lorsque la demande est forte, les centrales thermiques sont mises à contribution, et le coût de l’électricité est alors basé sur le cours du gaz (ou du charbon) » (source : Le Monde : Pourquoi le prix de l’électricité dépend de celui du gaz, et autres questions sur les factures à venir, 9 septembre 2022).
– Pour le logement, mettre « le paquet » sur la rénovation, pas seulement énergétique, des bâtiments. C’est bon pour la facture des occupants, pour les entreprises du bâtiment, pour l’emploi, pour les finances publiques et incontournable pour le climat (20% des gaz à effet de serre viennent des logements). Bien évidemment en décarbonant les sources d’énergie.
– Aider et conseiller les consommateurs dans les choix de dépenses et d’économies auxquels la plupart d’entre eux vont avoir à faire face.
– Aider les personnes à exercer leurs droits, car de nombreuses personnes ne sollicitent pas les prestations sociales auxquelles elles auraient droit.
– Augmenter l’enveloppe des FSL et les plafonds d’attribution
– Sobriété et responsabilité de tous : particuliers, entreprises, Etat, collectivités locales, celles-ci étant pourtant bien impactées.
En conclusion, l’ALLDC souhaite accompagner les consommateurs, les plus affectés par l’augmentation des prix, en les aidant et les conseillant sur leurs choix.
On constate aujourd’hui que l’aide budgétaire de l’Etat aux associations de défense des consommateurs agréées, n’a cessé de diminuer depuis plus 20 ans.
La période difficile que nous traversons sera durable et aider les citoyens consommateurs à franchir ce cap, passe en partie par renforcer le rôle et les moyens des représentants des consommateurs.