Le compteur communiquant Linky est dans l’esprit des consommateurs un outil, imposé par les pouvoirs publics, pour s’introduire à domicile et traquer notre consommation quotidienne d’électricité.
C’est la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, qui oblige dorénavant les gestionnaires de réseaux publics d’électricité à mettre à la disposition des consommateurs des données relatives à leur niveau de consommation d’électricité, ainsi que des données statistiques de consommation moyenne pour des foyers de même composition et de même origine géographique. Ces informations seront délivrées par les compteurs communicants. L’Etat français a en effet opté pour l’installation de 35 millions de compteurs Linky d’ici à 2021.
Certains consommateurs, certaines communes militent encore aujourd’hui pour qu’il leur soit permis de refuser le compteur. Les tribunaux devront certainement trancher cette question, mais pour l’heure intéressons-nous à l’intérêt de détruire les 35 millions de compteurs actuels qui fonctionnent au nom de la transition énergétique!
Il s’agit donc de permettre aux consommateurs de connaître en temps réel sa consommation d’électricité, d’agir pour la maîtriser, et de réaliser quelques économies. Le principe est louable mais des questions techniques se posent très vite. De nombreux compteurs sont situés à l’extérieur du lieu de vie, et sont donc difficilement accessibles. Des boîtiers mobiles seront déployés d’abord à destination des bénéficiaires des tarifs sociaux à partir de 2017, puis, on l’espère, à destination de tous. Le financement de ces appareils devrait alors s’opérer via la CSPE, cette taxe fourre-tout qui figure en bas de nos factures. C’est donc le consommateur qui financera le boîtier indispensable dans de nombreux cas pour utiliser les données collectées par le compteur!
En attendant, le distributeur explique que le consommateur pourra quel que soit le lieu de situation de son compteur, accéder à l’historique de sa consommation heure par heure, via un site internet sécurisé, mis en place par le gestionnaire de réseau ENEDIS (ex ERDF). Mais encore faut-il savoir utiliser internet et/ou y avoir accès.
Linky inquiète aussi les consommateurs sensibles à la question des ondes électromagnétiques. Pour les rassurer il y aurait peu d’effets sur le corps humain, en raison du choix de la technologie de transmission, le courant porteur en ligne dans la gamme 63 khz – 74khz.
Ce type de transmission est intermittent au sein du logement, même s’il se reproduit plusieurs fois par jour. La situation n’est donc en rien comparable à celle des smartphones, pour lesquels les antennes relais émettent en permanence sur des gammes de fréquences très différentes, et donc potentiellement plus nocives pour le corps humain.
Par contre, Linky pourrait être perméable à des perturbations radioélectriques extérieures, qui risqueraient de causer des dysfonctionnements du compteur et des mesures de consommation erronées. Même si le gestionnaire de réseau affirme que ce cas de figure serait plutôt rare, ERDF ne semble pas en capacité de garantir que Linky est équipé de filtres appropriés pour pallier ce genre de problème.
Linky pourrait aussi provoquer des perturbations radioélectriques de nature à rendre difficile ou inconfortable l’écoute des émissions de radiodiffusion, par exemple pour écouter France-Inter ou Europe 1, même en FM. Notons en outre, que du point de vue de la sécurisation des données, le captage de ces émissions diffusées en mode CPL est très facile pour un bricoleur amateur.
Enfin, l’hypothèse selon laquelle le compteur est très sensible aux faibles dépassements de surcharge semble se confirmer. Ceci occasionnerait donc des coupures injustifiées, très perturbantes et de surcroît dangereuses, par exemple pour des personnes en assistance médicale. Ces coupures intempestives donneraient aussi l’occasion aux fournisseurs de faire pression sur les abonnés pour qu’ils changent d’abonnement et optent pour une puissance supérieure.
Pour finir, s’agissant de la protection des données personnelles, selon la CNIL, les données captées par Linky ne pourront être transmises à un tiers qu’avec l’autorisation explicite de l’abonné. Le consentement par défaut doit donc, à notre avis, être proscrit quel que soit le support utilisé.
Vous l’aurez compris, l’ALLDC reste en veille sur le dossier Linky, car la confiance ne se décrète pas, et les consommateurs le savent bien.