Au grand dam des restaurateurs, l’utilisation des titres restaurants (ticket restaurant, Chèque déjeuner, Pass restaurant etc.) pour l’achat des denrées alimentaires « brutes » est reconduite pour une année supplémentaire, soit jusqu’au 31 décembre 2024. Pourtant, le gouvernement avait annoncé la fin de ce dispositif au mois de novembre, mais nombre d’associations de consommateurs s’étaient élevées contre la fin de cette dérogation. Une prolongation bienvenue en ces temps où l’inflation persiste.
Tous les salariés ne disposent pas de titres ou tickets restaurant puisque ces derniers ne sont pas obligatoires, notamment si l’entreprise met à disposition une cantine ou un local de restauration aménagé pour le déjeuner de ses salariés. En France, près de 5 millions de salariés bénéficient de titres restaurant. Ils permettent de régler auprès de restaurants, bistrots toute ou partie du déjeuner ou d’acheter des produits transformés (sandwichs, salades composées, snacking…) auprès de supermarchés et commerces de proximité dans la limite de 25 euros par jour depuis le 1er octobre 2022 (ce plafond initialement à 19 euros avait été relevé à 38 euros en 2020 pour aider les professionnels de la restauration face à la crise sanitaire).
Il est normalement utilisable les jours de la semaine (du lundi au vendredi), hors jours fériés et dimanche (article R3262-8 du code du travail) sauf si le salarié travaille ces jours-là. Son format papier sous forme de chéquier laisse progressivement la place à un format dématérialisé : une carte de paiement semblable à une carte bancaire ou l’accès à une application sur un smartphone (d’ailleurs, pour en faciliter l’utilisation, le gouvernement s’est engagé à parvenir à sa dématérialisation totale avant 2026).
C’est en 2022 que le gouvernement avait accordé la possibilité aux salariés de pouvoir acheter des denrées alimentaires non transformées dans les commerces de proximité ou supermarchés. Un dispositif mis en place pour « soulager » le portefeuille des Français mis à mal par l’inflation, particulièrement prégnante sur les produits alimentaires.
Mais cette décision d’assouplir les règles d’utilisation des titres restaurant ne fait pas l’unanimité. En effet, les restaurateurs estiment que cette prolongation constitue un manque à gagner pour leur secteur en poussant les consommateurs à faire leurs courses dans les supermarchés plutôt qu’à les dépenser chez un restaurateur. Ces professionnels ont par ailleurs déjà subi une baisse de la fréquentation de leur établissement depuis la mise en place du télétravail.
Néanmoins, cette solution reste une bonne nouvelle pour les consommateurs, particulièrement pour ceux disposant d’un faible pouvoir d’achat. De fait, le titre restaurant est une aide ponctuelle et non négligeable pour faire des courses. Or, rappelons qu’au plus fort de l’inflation, 32% des Français déclaraient ne pas toujours être en capacité de se procurer une alimentation saine et en quantité suffisante pour manger 3 repas par jour. De plus 15% d’entre eux indiquaient ne plus pouvoir assurer régulièrement petit-déjeuner, déjeuner et dîner, faute de moyens.
Si on ne peut que se réjouir de la reconduction de cet assouplissement, il s’agit d’une mesure provisoire. Il est sans doute temps de prévoir un dispositif permanent comme l’instauration d’un chèque alimentaire un temps envisagé par les pouvoirs publics. Ce dernier a l’avantage d’inciter les plus modestes à l’achat des produits plus sains pour la santé (fruits, légumes) auprès de producteurs locaux gage d’une meilleure alimentation.
Bon à savoir : les chèques restaurant de l’année 2023 restent utilisables jusqu’au 31 janvier 2024 pour la version papier et 29 février 2024 pour la version numérique