Si la pandémie du COVID 19 a fait couler beaucoup d’encre, une autre pandémie se répand peu à peu en silence dans la plupart des pays développés du monde. Elle se nomme surpoids et obésité. Le surpoids et l’obésité est un fléau qui touche de plus en plus de personnes. En 2016, près de 2 milliards d’adultes (39 %) étaient en surpoids et sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses, soit 13 % de la population mondiale.
La situation de la France reste plus rassurante en matière de surcharge pondérale que celle de certains de ses voisins mais n’en demeure pas moins préoccupante : un adulte sur deux est en surpoids, et 17 % sont obèses, ce qui est à peu près stable sur la période récente, mais en augmentation depuis vingt ans. Ces chiffres globaux dissimulent une grande hétérogénéité sociale et géographique, et qui s’accroît.
Ce phénomène de surpoids et d’obésité est multifactoriel.
Le premier facteur serait un déséquilibre de la balance énergétique, c’est-à-dire un apport excessif en calories, et une dépense calorique insuffisante relativement à cet apport. Le déséquilibre de la balance énergétique est lui-même déterminé par un environnement obésogène. En effet, le temps destiné à la préparation des repas a baissé de 25 % en 25 ans, l’industrie a enrichi l’offre alimentaire pour répondre à la demande d’une alimentation à moindre coût et à moindre perte de temps.
Le 2e facteur explicatif est l’insuffisance de la dépense calorique en raison d’un défaut d’activité physique et une sédentarité excessive. Selon l’ANSES, seuls 5 % des adultes ont une activité physique suffisante pour être protectrice. La sédentarité qui se mesure généralement d’après le temps passé quotidiennement devant un écran a considérablement augmenté en particulier chez les enfants.
Le 3e facteur est environnemental avec notamment l’impact des pesticides et autres perturbateurs endocriniens. La recherche dans ces domaines doit être évidemment soutenue.
Le 4e facteur concerne les déterminants génétiques, certains chercheurs estimant le caractère héréditaire de l’obésité à 70 %, et l’impact de facteurs psychologiques traumatiques sur le poids est démontré notamment s’agissant des victimes de violences sexuelles.
Face à cette pandémie, la réponse des pouvoirs publics reste à renforcer. La prise en charge des personne en surpoids ou en situation d’obésité est perfectible. La formation des professionnels est insuffisante.
La commission des affaires sociales du Sénat s’est saisie de ce sujet sociétal et a rendu son rapport et ses recommandations au début de l’été.
En tant qu’association de consommateurs agréée, en charge notamment d’une mission d’éducation à la consommation et en particulier d’éducation à l’alimentation, nous soutenons toutes les mesures en faveur de la prévention, de l’éducation, et d’une meilleure prise en charge des personnes concernées, mais aussi en faveur de l’adoption de nouveaux textes réglementaires afin d’éliminer du marché des produits ultra-transformés dangereux pour notre santé.
Parmi les recommandations de la commission certaines nous paraissent intéressantes et donc à promouvoir.
- Confier à l’éducation nationale la conception d’un module de formation obligatoire au goût et à la pratique de la cuisine dès l’école primaire
- Interdire tous dispositifs marketing ludiques visant à capter l’attention des enfants (jeux, concours, mascottes)
- Faire évoluer l’algorithme du Nutriscore pour mieux prendre en compte les aliments ultra-transformés
- Expérimenter la distribution de chèques alimentation ciblés sur les ménages les plus précaires
- Réglementer les teneurs en nutriments (sucres ajoutés acides gras saturé en sel) des produits les plus gras et les plus sucrés.
- Interdire les promotions commerciales en grande distribution sur les produits trop sucrés, trop salés ou gras ainsi que les stratégies commerciales incitant à leur achat.
- Réguler l’installation de nouveaux restaurants de type fast food à proximité des écoles, collèges et Lycées
- Rendre accessible l’activité physique et sportive sur tout le territoire par des engagements au sein des contrats locaux de santé (horaires d’ouverture des équipements élargis, aides financières pour les licences sportives etc.)
Nous suivrons avec intérêt les suites qui seront données à ce travail car nous sommes convaincus qu’il va dans le bon sens. Mieux vaut mettre en place des mesures mêmes coûteuses pour prévenir et lutter contre l’obésité que d’en subir les conséquences individuellement et collectivement à long terme (maladies, invalidité, mort prématurée, dépenses de santé, impact sur la qualité de vie des personnes…). Avec le soutien financier de l’Etat, les associations se mobiliseront pour mettre en place des outils pédagogiques et des actions sur le territoire en faveur d’une alimentation de qualité et accessible au plus grand nombre.
Pour en savoir plus : Le rapport du Sénat