L’EURO de Football a pris fin le 14 juillet dernier. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, quant à eux, démarreront le 26 juillet prochain. A cette occasion, plus de 700 sports et disciplines seront proposés aux parieurs. Un montant de mises approchant un milliard d’euros pourrait être atteint au cours des Jeux de Paris. C’est pourquoi le pari sportif se révèle être le nouvel indicateur de succès d’une compétition au même titre que les audiences télé ou l’affluence dans les stades. Aujourd’hui, le pari sportif a le vent en poupe. Les Français misent de plus en plus d’argent dans l’espoir de gagner toujours plus. Mais la chance n’est pas toujours au rendez-vous, la prudence reste bonne conseillère !
Le pari sportif est défini, par l’Autorité Nationale des Jeux, comme le fait de miser une somme d’argent sur un élément de score ou sur une phase de jeu d’une rencontre sportive, dont le but est de gagner de l’argent si cet élément de score ou de phase de jeu se réalise. Mais seules certaines catégories de compétitions ou manifestations sportives peuvent faire l’objet de paris, et ce seulement après avis de la fédération sportive concernée[1]. Une liste des paris sportifs légaux (badminton, basketball, billiard, boxe, équitation, football, tennis, …)[2] a d’ailleurs été dressée par l’Autorité Nationale des Jeux dans le but de prévenir les manipulations sportives, interdire les paris ne faisant pas appel au savoir-faire et aux connaissances sportives des parieurs, et aussi limiter les paris à certaines compétitions.
Seuls les opérateurs de jeux sont autorisés à proposer des offres de paris sportifs. A ce jour, 17 opérateurs sont agréés sur le marché français (Betclic, Genybet, La Française des Jeux, Paris Mutuel Urbain, Winamax, …)[3]. Ils sont soumis à des obligations strictes[4] en matière :
- De prévention du jeu excessif ou pathologique (message de mise en garde, mise en place de modérateurs, de procédure d’auto-exclusion, …),
- D’intégrité et de fiabilité du jeu (traçabilité des opérations de jeux, conservation de l’ensemble des données des jeux, …),
- De lutte contre les activités frauduleuses ou criminelles (blanchiment de capitaux, financement du terrorisme, …),
- De protection des joueurs (vérification de l’identité des joueurs, de leur âge et adresse[5], absence de communication commerciale aux titulaires d’un compte bénéficiant d’une mesure d’auto-exclusion ou d’interdiction volontaire de jeu, …).
Toutefois, la volonté de rentabilité des opérateurs semble prendre le dessus sur leur obligation de protection des joueurs, notamment des joueurs mineurs.
En effet, ces derniers sont garants du respect de l’interdiction de vente de paris sportifs aux mineurs, même émancipés, dans les points de vente comme sur Internet[6]. Pourtant, les jeunes restent les cibles privilégiées des opérateurs de jeux puisque 64% des parieurs sportifs sont âgés de 18 à 24 ans. Aussi, des campagnes visuelles fortes, en partenariats avec des influenceurs, ont été lancées sur les réseaux sociaux (TikTok, Instagram, Snapchat, Youtube ou encore Twitch) pour attirer le jeune public. Bien que ces campagnes ne soient pas ouvertement destinées aux mineurs, nul ne peut ignorer que les réseaux sociaux sont très fréquentés par les adolescents. Dès lors, ces derniers sont nécessairement touchés par ces contenus même s’ils ne sont pas censés pouvoir miser de l’argent. D’ailleurs, cette restriction ne représente pas un obstacle pour ces mineurs puisque 20% des 15-17 ans ont déclarés qu’il était très facile de miser sur des paris sportifs[1], les cartes d’identité n’étant pas contrôlées.
A notre sens, l’Autorité Nationale des Jeux ne semblent pas suffisamment s’emparer du sujet. En effet, en 2023, aucune des sanctions prononcées par l’Autorité Nationale des Jeux ne portait sur le défaut de vérification de l’âge des joueurs. A ce titre, l’Autorité Nationale des Jeux devrait augmenter ces contrôles, et prononcer des sanctions plus importantes.
L’appât du gain motive ces jeunes, mais en réalité, seule une minorité d’entre eux réussisse à augmenter leurs mises.
En 2021, selon l’Autorité Nationale des Jeux, seul 1% de 4,5 millions de joueurs ont gagné plus de 1 000 euros. Pire encore, pour la minorité de joueurs gagnants, leurs chances de récupérer leurs gains sont réduites. Selon le journaliste Lionel Maugain, qui a publié une enquête « Paris en ligne tous perdants », dans le magazine « 60 millions de consommateurs », en novembre 2022[2], les joueurs gagnants sont signalés en rouge comme étant une menace pour l’activité des plateformes de paris sportifs. Ainsi, quand ils font un pari, la plateforme l’annule ou change la côte, ce qui diminue drastiquement les chances de gains des joueurs. C’est une pratique déloyale susceptible d’être sanctionnée par le Code de la consommation.
Il est vrai que l’Autorité Nationale des Jeux a lancé, avant l’EURO de Football 2024, une campagne pour sensibiliser sur les risques d’addiction associés aux paris sportifs (surendettement, problèmes familiaux, isolement social, troubles anxieux, troubles de l’humeur, pensées dépressifs, …) : « 2 lignes en bas d’une pub ne suffiront pas jamais pour raconter la spirale de l’addiction aux paris sportifs ».
Il faut aller plus loin et réellement marquer les esprits en donnant vie aux mentions légales figurant sur les publicités et faire en sorte que les gens puissent les lire et les comprendre facilement.
Aujourd’hui, ce sont surtout les campagnes lancées par les opérateurs de jeux qui attirent les consommateurs, joueurs ou parieurs.
Aussi, il devient primordial d’augmenter les actions destinées à sensibiliser les parieurs, à contrôler et à sanctionner les opérateurs. Il est urgent de s’emparer de sujet de société et de légiférer pour réguler la publicité pour les paris sportifs, sur tous supports, et s’assurer que tout contenu de nature à attirer les mineurs soit interdit.
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