La loi du 30 mars 2023 dite loi Decrozaille (loi EGALIM 3) a pour objectif de corriger le déséquilibre entre les parties, fournisseur et distributeur. A cette fin, à compter du 1er mars 2024, la pratique des super-promotions chez les distributeurs est plafonnée jusqu’au 15 avril 2025. Explications.
Pratique courante dans les supermarchés, les super-rabais ou super-promotions font le bonheur des consommateurs à l’affût de bonnes affaires. -50% sur les déodorants, -60% sur les lessives, ou encore un produit acheté pour un produit offert sont les promotions qu’on pouvait jusqu’alors trouver en rayon.
Depuis le 1er mars 2024, les rabais proposés par la grande distribution sont plafonnés à 34% pour les produits non alimentaires comme l’hygiène, la parfumerie ou encore les produits d’entretien. Cette mesure phare vise à une meilleure négociation entre les industriels (généralement des PME) et les distributeurs (les grandes enseignes de supermarchés). Elle se veut donc plus protectrice pour les industriels en évitant que les acteurs de la grande distribution ne fassent pression sur leurs fournisseurs pour qu’ils baissent leurs prix.
Déjà, la loi Egalim I du 30 octobre 2018 avait permis d’encadrer les promotions sur les produits alimentaires avec, là encore, un rabais plafonné à 34%.
La loi Egalim III étend donc son champ aux produits non alimentaires tels que droguerie (produits de beauté), parfumerie et hygiène. Il s’agit ainsi d’éviter que la marge et la rémunération des producteurs soient insuffisantes.
Mais dans un contexte toujours inflationniste, les consommateurs font grise mine. Les super-promotions étaient surtout l’occasion de faire des économies dans un budget de plus en plus serré. En effet, selon le sondage IFOP Hygiène et Précarité en France (1), en 2023, la précarité hygiénique frappe de plus en plus de Français : 34% d’entre eux déclarent devoir limiter la consommation de certains produits d’hygiène de base, faute de moyens. Concrètement, 6 millions de Français renoncent à l’achat de déodorant, 4 millions se privent de shampoing et 3,5 millions manquent de dentifrice.
Quelques jours avant l’entrée en vigueur de la loi, certains supermarchés ont pratiqué des baisses agressives de leurs prix sur les produits visés par la loi : un baroud d’honneur avant la fin de ces rabais. Il faut dire que les grandes enseignes de distribution ne sont désormais plus tout à fait libres de fixer leurs promotions. Si elles ne sont pas interdites, ces promotions ne devront pas dépasser plus de 34% du prix d’origine du produit.
Garantir un revenu minimum pour les producteurs est une bonne chose mais pour les consommateurs c’est une autre histoire! Une fois de plus, les consommateurs devront revoir leurs habitudes de consommation, et de nouveau se serrer la ceinture!
[1] Baromètre Hygiène et précarité, étude IFOP pour Dons solidaires février 2023