Le 21 novembre dernier, le Sénat a rejeté le projet de loi visant à rendre obligatoire l’affichage du nutri-score sur tous les produits alimentaires vendus en France. Les députés ont confirmé ce rejet, lors de son second passage devant l’Assemblée Nationale, le 3 décembre dernier. Une décision qui va à l’encontre de l’intérêt des consommateurs en termes d’information et de santé publique. Explications.
Pour les consommateurs, le nutri-score est un outil d’information nutritionnelle apposé sur les produits dans le but d’aiguiller le consommateur dans son choix face à plusieurs produits. Il permet de mieux consommer (ni trop gras, ni trop salé, ni trop sucré) sans avoir à déchiffrer l’étiquette au dos du produit.
Pour les industriels, le nutri-score a pour effet de les inciter à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits afin d’obtenir un meilleur score. Le nutri-score est volontaire.
Un projet de loi visait à le rendre obligatoire. Il avait également pour ambition de revoir les modes de calcul derrière chaque lettre A, B, C, D, E. Par exemple, grâce au nouveau calcul du nutri-score, l’huile de colza aurait eu un meilleur score du fait de sa riche teneur en oméga 3.
En rendant le nutri-score obligatoire, certains fabricants de produits transformés et ultra-transformés qui, jusqu’à présent, n’affichaient pas leur score, auraient dû afficher des notes D ou E. Ce qui ne leur convenaient pas du tout.
Des exemptions étaient pourtant prévues pour des catégories de produits par nature gras comme les huiles, les poissons gras ou encore les féculents.
Le 7 novembre dernier, l’Assemblée nationale avait voté une première fois en faveur de l’obligation d’apposer le nutri-score à l’exception des produits ayant une AOP ou une IGP. Si nous nous réjouissons de cette nouvelle obligation d’affichage sur le produit, l’exemption nous paraissait discutable.
En effet, ces signes de qualité rattachent le produit à un terroir, à un savoir-faire, mais leur cahier des charges ne prend pas en compte la qualité nutritionnelle du produit. Les signes de qualité n’apportent aucune information nutritionnelle, ils attestent uniquement d’une qualité supérieure par rapport aux autres produits d’une même dénomination.
Or, le consommateur a le droit de savoir que certains produits ayant une AOP et IGP, malgré leur qualité gustative, sont riches en sel et en graisse saturé.
Dans tous les cas, les produits marqués par une IGP, ou une AOP, resteront privilégiés par le consommateur, même avec un score faible, de par leur qualité gustative, comparée à d’autres produits avec la même dénomination n’ayant pas de signe de qualité.
Pour notre association, le nutri-score est un bon moyen de repère pour les consommateurs, qui n’ont pas tous le temps ou la capacité de déchiffrer les étiquettes des produits. Rien n’indique qu’un produit noté D ou E ne doit pas être consommé, il doit simplement être consommé avec modération, et dans le cadre d’une alimentation équilibrée.
Rendre obligatoire l’affichage du nutri-score est selon nous prioritaire eu égard aux enjeux de santé publique face aux problématiques d’obésité et de maladies liées à l’alimentation. En rejetant cette mesure, le Parlement a cédé aux pressions exercées par les filières agroalimentaires au détriment de la santé publique et d’une information loyale et transparente du consommateur. Le dossier reste ouvert pour obtenir enfin l’obligation d’affichage du nutri-score, véritable avancée pour nous tous et toutes.

