Alors qu’elle vient d’achever une formation des membres de son réseau sur le thème du logement, l’ALLDC s’est intéressée à la stratégie logement publiée le 20 septembre dernier par le gouvernement. Le chantier s’ouvre, les objectifs semblent louables : construire plus, mieux et moins cher. Mais au-delà du slogan que peut-on attendre, les moyens seront-ils à la hauteur des besoins des français?
Au 1er janvier 2016, la France, (hors Mayotte) compte 35.4 millions de logements. Six ménages sur dix sont propriétaires de leur résidence principale. Parmi les propriétaires 1/3 sont accédants (chiffres de l’INSEE). Selon la fondation Abbé Pierre aujourd’hui 4 millions de personnes sont sans abri, mal logées ou sans logement personnel (22ème rapport sur le mal logement- 2017). En dehors de cette population la plus gravement touchée, s’ajoutent 12.1 millions de personnes touchées à des degrés divers par la crise du logement : effort financier disproportionné, précarité énergétique, risque d’expulsion locative, copropriété en difficulté, surpeuplement, en attente d’un logement, soit au total toutes catégories confondues environ 15 millions de personnes.
Présente au côté des consommateurs, l’association considère que le logement est très souvent la clé d’une insertion réussie de la personne. Sans logement, pas d’adresse postale, pas de travail, et sans travail pas d’argent ni de vie sociale: c’est l’exclusion. Il est urgent d’agir en prenant garde à réduire les fractures : territoriales, numériques, énergétiques…
En ce début de quinquennat, le gouvernement s’attaque à ce chantier du logement et annonce notamment :
- Des dispositifs fiscaux, des abattements plus ou moins importants pour inciter à la libéralisation du foncier, à la vente de terrains en zone tendue et à la construction de logements sociaux, intermédiaires ou libres.
- Des mesures reconduites mais restreintes pour aider à l’accession à la propriété, pour occuper son logement avec la prolongation du prêt à taux zéro (Ptz) ou pour le proposer à la location avec la reconduction du dispositif Pinel pendant 4 ans.
- Un programme de construction ambitieux avec 60 000 logements prévus, dont 20 000 en direction des jeunes actifs. La prise en compte de l’accessibilité du logement lors de toute construction neuve, par des logements dits évolutifs en cas de perte d’autonomie ou de handicap de l’occupant.
- Des mesures en faveur des étudiants avec une garantie accessible sans conditions de ressources sur le modèle de la garantie visale applicable aujourd’hui à Paris; un nouveau type de contrat, le bail mobilité d’un à dix mois pour lequel le dépôt de garantie ne sera pas exigé.
Depuis la présentation de ce plan, d’autres sujets ont émergé. On se souvient de l’émotion suscitée par la baisse annoncée de 5€ par mois des APL pour faire des économies. De nombreux sujets sont absents de cette feuille de route: la question des nombreuses copropriétés dégradées, les délais d’attente pour obtenir un logement social, le manque de place d’hébergement d’urgence en sont quelques exemples.
Il faudra donc s’armer de patience car avant la mise en œuvre concrète de cette stratégie « le choc de l’offre », il faudra encore attendre plusieurs hivers et rappelons au passage, que sa mise en œuvre devra s’accommoder avec un objectif : 16 milliards d’euros d’économie attendus dans le cadre du projet de loi de finance 2018!