Les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024 viennent de souffler leur première bougie. Véritable succès populaire avec près de 12 millions de billets vendus, dont 60% à des Français, les JOP Paris 2024 ont permis de mettre un coup de projecteur sur le sport de haut niveau en France. Cette exposition mondiale devait marquer une nouvelle ère dans le monde du sport, où la France serait considérée comme une véritable nation du sport. Pourtant, cette ambition semble être un leurre au regard de la nouvelle réforme du Pass’ sport. Explications
Mis en place en 2021, le Pass’sport était initialement une aide financière, d’un montant forfaitaire de 50 euros, permettant de réduire le montant de l’adhésion ou de licence proposée par des clubs ou associations sportives mais aussi des salles de sport. Cette aide était réservée aux enfants et adolescents âgés de 6 à 17 ans, dont les parents bénéficiant d’une allocation de rentrée scolaire, aux enfants et adolescents âgés de 6 à 19 ans en situation d’handicap dont la famille percevait l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), aux jeunes âgés de 16 à 30 ans bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés et aux étudiants boursiers de moins de 28 ans.
Perçu comme la pierre angulaire du projet de transformation du paysage sportif à l’approche des JOP Paris 2024, ce dispositif devait rendre le sport accessible à tous. L’objectif étant de démocratiser le sport, susciter l’intérêt des Français éloignés du sport en raison de barrières économiques et encourager à une pratique physique et sportive dès le plus jeune âge.
Il est vrai que les JOP Paris 2024 ont mis la lumière sur le sport français, et ont créé une réelle dynamique populaire. Prenons l’exemple du tennis de table qui a enregistré une augmentation de 20% du nombre d’inscriptions, après les performances des frères Lebrun.
Mais force est de constater que cet engouement populaire se voit freiner par les politiques publiques qui ont décidé d’exclure les enfants âgés de 6 à 13 ans du bénéfice de ce dispositif à partir de la saison 2025-2026. Officiellement, le dispositif est davantage ciblé sur les jeunes qui ont atteint l’âge où la pratique sportive diminue généralement, mais ne nous leurrons pas, cette restriction fait suite à la décision du gouvernement de réaliser 44 milliards d’économie. Cette décision suscite une réelle inquiétude pour les associations sportives, notamment celles œuvrant dans les régions les plus fragiles où les ressources financières des habitants sont déjà limitées.
Selon la Fédération Française de Football, près de 375 000 enfants de moins de 14 ans ont bénéficié du Pass’sport lors de la rentrée dernière, soit plus d’un tiers des licenciés de moins de 14 ans. Aussi, l’exclusion de cette tranche d’âge risque donc d’avoir un impact direct sur la fréquentation des clubs et leur trésorerie.
De plus, cette réforme du Pass’sport soulève des interrogations sur l’égalité d’accès au sport pour tous. Certaines structures déjà fragilisées par des années consécutives de baisses de subventions pourraient voir leurs recettes chuter de manière significative. La Fédération Française de Basketball évoque une perte de 4 millions d’euros pour 3 000 clubs si cette exclusion s’applique.
Cette décision est donc en contradiction avec les objectifs affichés du Gouvernement de pérenniser l’accès au sport pour tous. Le sport est reconnu comme un vecteur essentiel d’insertion sociale, de bien-être physique et mental et d’amélioration de la qualité de vie. Mais, cette exclusion d’une catégorie des jeunes risque d’exacerber la fracture sociale déjà existante et de dégrader la santé des jeunes déjà victimes d’anxiété, de dépression etc..
Le sport doit avant tout rester un levier d’inclusion et de cohésion sociale, et non une activité réservée aux élites.